Face à la violence, une seule certitude.
J'ai vu ce que l'humain peut faire de pire.
Cette conviction ne nie pas le mal.
Elle refuse de lui donner le dernier mot.
J'ai vu ce que l'humain peut faire de pire.
Des années dans l'extrême violence me l'ont montré sans filtre.
Pourtant, je crois en l'humain.
Non pas par naïveté.
Pourtant, je crois en l'humain.
Non pas par naïveté.
Non pas par dogme.
Mais parce que j'ai observé ce que la violence elle-même tente d'effacer :
qu'au-delà de toutes les constructions de haine, de pouvoir ou de folie,
l'être humain reste traversé par une dépendance originelle.
Nous sommes tous nés bébés.
Nous sommes tous nés bébés.
Impuissants.
Réclamant dans les bras une présence pour survivre.
Cette faille, la violence la retourne en prédation.
La bientraitance la fait lieu de rencontre.
Cette faille n'est pas un défaut.
C'est la marque de notre condition.
Tout être humain commence son existence dans un état de dépendance radicale.
Impuissant, sans langage, incapable de se nourrir ou de se protéger.
Sa survie dépend entièrement de la qualité de l'attention qu'il reçoit.
Cette expérience première laisse une empreinte :
nous restons, au fond, des êtres qui ne peuvent exister pleinement
qu'en étant "vus", "reconnus", "accueillis".
Cette faille, c'est
"l'espace entre le besoin et la réponse".
La prédation s'y installe comme un parasite.
La violence n'invente rien.
Elle "retourne" cette dépendance.
Elle identifie la faille :
la soif de reconnaissance, la peur de l'abandon, le besoin de sens
et y injecte un poison qui ressemble à de l'eau :
"Le bourreau" mime l'attention
pour mieux contrôler.
"Le manipulateur" exploite le besoin d'appartenance
pour soumettre.
"Le pervers" transforme la quête de lien
en chaîne.
La prédation ne détruit pas la faille.
Elle "l'oriente".
Elle fait de cette vulnérabilité originelle
un canal de soumission.
La bientraitance s'y installe comme une rencontre.
Elle ne colmate pas la faille.
Elle "l'habite" avec respect.
Elle reconnaît la dépendance
sans en profiter.
Elle offre de la présence
sans exiger de dette.
Elle accepte la fragilité
comme la condition même du lien,
non comme une faiblesse à éradiquer.
La bientraitance dit :
"Je vois que vous êtes vulnérable.
Cette vulnérabilité me concerne.
Je vais m'en occuper comme d'un lieu commun,
pas comme d'une faille à exploiter."
Pourquoi c'est une chance?
Cette faille est le seul endroit
où le mal peut être "désarmé".
Pas par la force,
mais parce qu'elle conserve "en creux"
la mémoire du lien premier.
Même chez l'agresseur le plus endurci,
elle existe.
Inutilement, peut-être.
Mais "exister",
c'est déjà ce qui permet à la bientraitance d'être "possible",
pas garantie.
Cette faille n'est pas ce qui nous rend faibles.
C'est ce qui nous rend "réparables ".
Elle est le lieu où le mal s'ancre,
mais aussi le lieu d'où le bien peut "repartir".
Tout justifie la bientraitance n'est pas un slogan.
C'est la conviction
C'est la conviction
que même au cœur de l'effroi,
la vulnérabilité humaine peut être accueillie
la vulnérabilité humaine peut être accueillie
plutôt qu'exploitée.
Cette conviction ne nie pas le mal.
Elle refuse de lui donner le dernier mot.
Violence tolérance zéro, même en soi - Bientraitance et autorité bientraitante, fondement et solution de santé: mentale, affective, publique.
